Chroniques liégeoises, acte 3: Pete(r) et Charlotte

 

Top deux des interrogations qui secouent le festival ce Samedi: 

  1. Pete(r) Doherty sera t-il capable, deux jours après une date annulée et une halte à l’hôpital de Nice, d’assumer le concert des ses Babyshambles ?
  2. La canicule aurait-elle pris un pass 4 jours ? 

Réponse positive dans les deux cas. 

Que ce soit derrière la scène (pour les chanceux) ou devant la scène (pour les autres), les symptômes visibles de la dohertite aïgue sont globalement les mêmes: cris, pleurs, bras taggués au nom du prophète et autres incohérences corporelles ponctuelles. Camé comme un phoque, Pete(r) Doherty joue le jeu et semble s’en amuser. Après avoir passé une partie de l’après-midi à discuter peinture andalouse et pastilles valda avec les platanes, il se présente sur scène avec ses Babyshambles à l’heure de l’apéro. Constat: Pete(r) Doherty est un mec rock n’roll. Même camé comme une loutre, il joue (presque) juste, chante (presque) juste et groove comme un enfoiré. C’est finalement un concert agréable et maîtrisé, loin des performances pathétiques de 2008 et 2009, où il vient piocher dans le répertoire des Libertines (What katy did) et des BabyShambles (Albion, Delivery, Fuck Forever en final avec Adam Green qui le rejoint sur scène).

 

Seconde interrogation qui parcourait nerveusement les lèvres de nombreux festivaliers: la canicule avait-elle, elle aussi, pris un pass 4 jours ? Réponse là-aussi positive même si Charlotte Gainsbourg aura réussi à convaincre nuages, vent et gouttes de pluie de venir parfaire la mise en scène de son concert pendant au moins une heure. Et ce fut réussi. Après avoir longtemps hésité à affronter sa timidité et à transposer sa musique sa scène, Charlotte s’est finalement lancée avec plusieurs dates aux Etats-Unis et une première très remarquée en festival au Coachella. La voici maintenant en europe, empruntée comme on la connaît, mais avec au moins deux atouts en poche.

 

Charlotte Gainsbourg

Le premier est d’avoir obtenu de Beck qu’il lui habille ses chansons pour l’excellent album I.R.M.. Si celui-ci rappelle la période où Beck s’inspirait sans s’en cacher de papa Gainsbourg (Sea Changes), ce sont les fulgurances mélancoliques développées sur ses deux derniers albums (The Information et Modern Guilt) qui le définissent le mieux. Sur scène, c’est un plaisir: Beck est également venu mettre son nez dans le choix des musiciens et la transposition de chaque morceau se révèle captivante (mention à Vanities, le chat du café des artistes et Greenwich Mean Time).

 

Second atout, le fait qu’elle ne triche pas. Elle se sait timide, pas vraiment à l’aise avec sa voix et avec l’idée de se mettre en avant. Ce sera donc une mise en scène minimale: fond de scène épuré, couleurs froides et jeux de lumière simples. Côté musique, cela évoque la dernière tournée de Portishead: tricotages sonores et autres expérimentations musicales, légère réverbération sur la voix pendant que les compositions de Air, Beck ou de papa Gainsbourg (l’hôtel particulier) s’invitent sur scène à tour de rôle. Captivant.