Eurockéennes de Belfort 2008

De retour de cette 20eme édition des Eurockéennes de Belfort, avec quand même un sentiment assez partagé.

Vendredi

Arrivée sur le site quelques minutes avant l’ouverture des portes, la presqu’île du Malsaucy est encore très très calme. Quelques engins finissent de faire les dernières installations, les stands terminent de se monter, et les journalistes se dirigent tous armés de leurs appareils photos ou de leur caméra pour filmer l’entrée des premiers festivaliers.

Contrairement à la veille, le temps est beau, dirait-on parfait pour un festival : sans pluie mais également sans canicule. Le site a eu le temps de sécher après les averses du jour précédent, et tout à été fait pour que l’installation des scènes et des stands n’abime pas le site. Dans le domaine du respect du site naturel du Malsaucy, belle opération que celle réalisée par les eurocks en vendant un gobelet en plastique solide à réutiliser pendant les 3 jours. On a vraiment vu la différence de propreté.

En attendant le début des premiers concerts, petite balade tranquille sur le site qui commence maintenant à se remplir. On commence par la maison de l’environnement qui accueille également la radio Suisse Couleur 3. Et comme je les aime bien, non seulement pour leur programmation tout au long de l’année mais aussi pour leur présence sur les festivals entre Suisse et est de la France, je les sollicite pour une petite interview vidéo. C’est au même moment que Kem (programmateur des eurocks) passe par là et m’apprend que Ting Tings est annulé.

Le soleil tape, les festivaliers se pressent pour prendre leurs jetons tant que la file d’attente n’est pas trop longue, et c’est alors Keny Arkana qui démarre. Et comme prévu, c’est une belle découverte Hip-Hop qui démarre ce festival sur la grande scène. Ce petit bout de femme très revendicatif mérite sa place sur cette scène et montre aux festivaliers qu’elle ne s’inscrit pas dans un registre rap commercial.

Mais dans le même temps, le Mondrians sont sur la Loggia. Occasion de découvrir que la scène a été découverte. Dommage car l’aspect club qu’elle avait avant était très sympa pour quelques concerts donnés là ces dernières années (Laurent Garnier, Punish Yourself…)

Retour ensuite vers le chapiteau, où Arno donne un concert difficile. Sans guitariste et avec deux coupures, pas sûr qu’il ait réussi à convaincre. Dommage.

C’est alors le tour au « concert de la 20eme » : La Bande Originale. Et alors que les organisateurs voulaient s’éloigner le plus possilble de l’aspect « Enfoirés », je crois que c’est loupé. Des artistes intéressants, mais mis à part les quelques éclats comme ceux de Didier Wampas, ils ont eu du mal à rentrer dans ce concert, et pour le coup ça ressemblait pas mal à un jubilé.

S’enchaine ensuite Cat Power. Séduisante par sa plastique autant que par sa musique, on a eu du mal à en décoller pour se rendre à Comets on Fire. Là, un concert plutôt dégarni de spectateurs qui a pourtant dû ravir les amateurs. Mais c’est déjà le début de Massive Attack sur la Grande Scène. Et là évidemment, à la nuit tombée, on a assisté à une belle prestation, probablement l’une des plus convaincante du festival.

Mais comme tout a une fin, c’est dEUS qui prend le relais sous le chapiteau. Et quelques temps après, Faso Kombat & Nash sont sur le Club Deville. La petite fierté des programmateurs est plutôt sympa. Leur mélange de Hip-Hop et de musiques traditionnelles africaines a plu sur cette scène rebaptisée et remodelée avec des gradins.

Pas de Ben Harper pour moi mais directement Missill, pour l’une des seuls apparitions electro du festival. Et là bon, pas grand chose à dire. La parisienne est tellement à fond que ça ne peut que décoller. Une heure de concert, avec un final instrumental crée pour l’occasion.

On passe ensuite sous le chapiteau pour Gossip. Et là autant la prestation scénique est irréprochable, ils se donnent beaucoup, autant j’ai été déçu musicalement. J’en attendais un peu plus.

La soirée se termine avec Calvin Harris qui fait danser la plage, et Drop It !, le projet de danse Hip-Hop. Et autant dire que ce genre de spectacle devrait être reconduit. Des festivals comme les Eurockéennes ne devraient plus se contenter de « simples » concerts. Il y manque cruellement des prestations comme celles là.

La journée du vendredi se termine là.

Samedi

Surtout ne pas arriver en retard. Xavier Rudd commençait très tôt sur la plage. Et je ne pense pas qu’il ait déçu le moindre spectateur présent. Multi-instrumentaliste (guitare, percussions, didgeridoo, harmonica…), il n’avait en fait besoin que d’un batteur pour l’accompagner. Et à l’image de son compatriote John Butler, il a cette générosité sur scène qui emballe tout le monde.

Juste le temps après son concert de filer quelques minutes jeter un oeil à Alborosie. Bon, le reggae n’est pas ma tasse de thé, mais il a l’air plutôt bon. Ensuite, alternance entre Daniel Darc et Tunng. Deux concerts pas forcément très marquants.

S’enchaine ensuite avec à nouveau un concert hors de mon registre : Camille. Pour moi, elle est comme sa garde robe : sans changement et sans saveur. Mais quelques autres auront su apprécier.

J’ai été beaucoup plus emballé par Sharon Jones sous le chapiteau. Il est clair aussi que des musiques comme la soul et le jazz doivent prendre une place plus importante aux Eurockéennes.

Juste le temps de voir le début de Pulpalicious sur le Club Deville (à revoir en concert en salle !) qu’il faut filer voir enfin un peu de metal avec Cavalera Conspiracy. Bon, c’est Max Cavalera, donc peu surpris de leur bonne prestation.

On revient alors sous le chapiteau voir The Do. Ensuite je tente sans conviction Grinderman (désolé, comme dEUS, c’est pas non plus mon style). J’ai nettement préféré The Wombats ensuite. Avec Xavier Rudd, voici que 2 des meilleurs concerts que j’ai vu sur ce week-end étaient le samedi, considérés par beaucoup comme la journée la moins intéressante.

C’était alors sans compter sur N*E*R*D, qui visiblement a beaucoup déçu à voir le nombre de personnes parties en cours de concert, mais qui pour moi aura fait une prestation au niveau que j’attendais, et j’en attendais beaucoup. On termine ensuite par une semi-deception avec CSS, nettement moins festif que ce que j’en attendais. Ting Tings étant annulés depuis la veille, je renonce à m’aventurer voir Sna-Fu, que je verrais à la Guerre du Son à Landresse.

Dimanche

C’est LA grosse journée. Sold out depuis plusieurs jours déjà, on se doute que la série Cali, Babyshambles, Offspring, Gnarls Barkley et Moby vont faire le plein.

Mais la journée commence déjà par Moriarty pour moi. Et même si j’aurais préféré les voir en salle, pour un côté plus intimiste, je suis quand même convaincu par leur prestation. Pas de Sinik pour moi, je saute directement à MGMT puis à Cali. Cali, même quand on est pas trop « chanson française », c’est quand même un mec généreux. Les caméramans s’en rappellent d’ailleurs, tout comme ils ont pu constater que son ancienne carrière de rugbyman n’est pas si loin derrière lui. Evidemment, il a encore tenté des entrées dans le public, d’abord debout et ensuite en slam, mais trop attendu pour cela, l’exercice s’est vite révélé dangereux pour lui.

Ensuite, pour espérer apercevoir Pete Doherty, il aurait fallu jouer des coudes, tant le chapiteau était rempli. Je n’ai pas souvenir avoir vu un tel rassemblement autour de cette scène. Et c’est là le principal reproche des eurockéennes cette année. En faisant sold out tous les jours, le site montre ses limites en terme de reception. Circuler et vivre aux Eurocks quand c’est complet est devenu très désagréable. Si désagréable que plus tard, j’ai renoncé à l’idée même de revenir vers le chapiteau pour voir Gnarls Barkley.

Du coup, petit coup d’oeil à Dan le Sac vs. Scroobius Pip

Entre temps cela dit, c’est Offspring qui était sur la grande scène. Et là, c’était quitte ou double : soit ils nous faisaient revenir en adolescence, soit ils nous faisaient venir dans le 3eme âge. Et heureusement, le résultat a été plutôt positif.

Final sur Moby et la grande scène. Lui aussi, très mobile, a produit un set plutôt efficace. Mais qu’il est dommage que les organisateurs n’aient pas prévu un petit truc à base de feux d’artifices qui serait venu se méler au final du concert de Moby, ça aurait été quand même génial, même si stéréotypé. Y’avait de quoi fêter dignement cette 20eme édition, alors que là, on a pas l’impression d’avoir passé un cap.

Conclusion

Edition des eurockéennes 2008 plutôt mitigée donc, partagée entre les habituelles bonnes surprises ou confirmations (Xavier Rudd, Wombats, N*E*R*D, Massive Attack…) et le reste bien peu excitant quand même. Ajoutez par dessus le fait que le site soit clairement invivable lorsque c’est complet, et on reste assez clairement sur sa faim. Alors oui, les Eurockéennes ont battu leur record en faisant plus de 100000 spectateurs sur trois jours, mais on sent quand même l’ambiance qu’on pouvait avoir il y a encore 5 ans disparaitre à chaque édition au détriment du chiffre. Un petit retour en arrière à ce niveau pour les 20 ans l’année prochaine serait plus que souhaitable.