Rien ne va plus sur notre belle planète. Alors même que nous sommes, depuis quelques semaines déjà, passé à l’heure d’été et à des températures qui, d’habitude, habillent plutôt un mois de Juin; alors même que la sécheresse s’installe et que le muguet semble parti pour snober le 1er mai, voilà que Bourges nous annonce son printemps. Preuve que le dérèglement climatique ce n’est pas que pour les pingouins, l’appellation « Printemps de Bourges » est ridiculisée par un challenger, le climat, dont on aurait pu penser qu’il nous laisserait encore quelques semaines de répit.
Chapitre appellation, il convient d’ailleurs d’énoncer les choses clairement (le lecteur avisé prendra soin, pour rendre la lecture de ce paragraphe plus supportable, d’oublier les quelques préceptes hérités des luttes sociales de ces derniers mois). On ne dit plus « Printemps de Bourges » mais « Printemps de Bourges – Crédit Mutuel ». Seconde illustration que décidément tout se dérègle (et pas que pour les pingouins), une banque vole au secours d’une manifestation artistique et pallie au désinvestissement de collectivités publiques. Dans une subtile opération de reconquête marketing, le Crédit Mutuel appose son nom après celui d’un festival qui, pour le coup, apporte sur un plateau un sujet de discussion à ses détracteurs.
Heureusement, il y a des choses immuables à Bourges et qui, malgré tous les malheurs du monde, semblent vouées à perdurer. La musique a toujours sa place ici. Mieux, la programmation est réussie. Entre plateaux thématiques (reggae, hip-hop, rock d’agité), plateau de découvertes et présentation de créations originales; le festival semble parti pour viser juste. Du dub step 2.0 tendance crooner de James Blake aux déhanchements de Raphaël Saadiq; des compositions hantées de Timber Timbre aux crumbles électro de Ratatat ou Agoria, de la pop rétro vintage de Metronomy aux complaintes politico-enfumées de Tiken Jah Fakoly; il y en aura sûrement pour tout le monde et si l’on s’amuse à mesurer la qualité des divers plateaux; on devrait friser l’excellence pour au moins trois d’entre eux: la soirée à l’auditorium avec James Blake, Timber Timbre et Agnes Obel; la soirée avec Aloe Blacc, Raphaël Saadiq et Katerine sous le chapiteau du Phénix et la création autour de l’Afrique qui réunira une impressionnante brochette d’artistes (Mayra Andrade, Victor Demé, Mamani Keita, Vieux Farka Toure, Mory Kante, Cheikh Lo, Yael Naïm, David Donatien, Piers Faccini et quelques autres).
Suivent très près derrière la soirée de clotûre de la salle du 22 (avec Cascadeur, GaBlé, Best Coast et Anna Calvi) et le plateau folk-jazz de l’auditorium (avec Chocolate Genius Inc, Youn Sun Nah, le pianiste Baptiste Trotignon et Miossec).
Sinon, et ça commence à devenir une habitude, une grosse orgie s’annonce le samedi soir avec une soirée intitulée rock n’beat (sic) qui réunira hypeux du moment et agitateurs de dancefloor plus ou moins grand public (We are ENFANT TERRIBLE, The Toxic Avenger, Does it offend you yeah ?, Beat Torrent, Ratatat, Cassius, Paul Kalkbrenner, Agoria, The Bewitched Hands, Metronomy, The Do, The Subs et SebastiAn ).
Pour les quelques survivants, un chill-out reggae aura lieu le lendemain et devrait permettre de brûler dernières toxines et dernières cigarettes euphorisantes (Huecco, Gentleman, The Original Wailers, Alborosie, Tiken Jah Fakoly, Dub Inc., Jaqee, Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, Winston McAnuff & The Bazbaz Orchestra et Chinese Man).
Voilà, on en est pas encore là, aujourd’hui c’est Jeudi et le printemps de Bourges ça commence tout juste. La suite demain. Bisous.